Dans ses Promenades dans Rome,Stendhal raconte qu'il visita Saint-Paul le lendemain de l’incendie. Il en eut l’impression d’une beauté sévère, aussi triste que la musique de Mozart. Les vestiges douloureux et terribles de la tragédie étaient encore vivants ; l’église était encombrée de noires poutres fumantes, à moitié calcinées. Les futs des colonnes brisés sur toute leur longueur menaçaient à tout moment de tomber. Les romains, consternés, étaient allés en masse voir l’église incendiée. C’était l’un des spectacles les plus grandioses qu’il leur était donné de voir…
Négligence fatale
Jalousement protégée par des dizaines de pontifes, et décorée par de grand artistes, la basilique fut au cours des siècles visitée par des millions de pèlerins... jusqu’à ce qu’une nuit, celle du 15 juillet 1823, un incendie vorace la réduisît en cendres.
Les chroniques relatent qu'« un groupe d’ouvriers réparaient le toit, lorsqu’ils renversèrent par inadvertance un liquide inflammable qui prit feu et se propagea de façon incontrôlable ». Personne n’en dit mot au pape Pie VII, qui était gravement malade et mourut quelque temps après.
Son successeur, Léon XII, promulgua immédiatement l’encyclique « Ad plurimas atque gravissimas » dans laquelle il sollicitait la collaboration de tous les catholiques du monde pour la reconstruction du célèbre bâtiment.
Solidarité universelle
La réponse fut retentissante : le monde entier collabora à la reconstruction. Dans les chroniques, on pouvait lire que « même les pays païens participèrent à la collecte ».
Cette extraordinaire solidarité permit de reconstruire la nouvelle basilique en respectant exactement les plans de la précédente.
Il fut ainsi possible de conserver un magnifique exemplaire architectural de basilique paléochrétienne, avec son quadriportique, les cinq vaisseaux séparées par quatre rangées de colonnes, l’arc sacré, le transept et l’abside.
Entrer dans cette basilique c’est comme entrer dans celle des « Trois empereurs », car elle a gardé la même structure et les mêmes dimensions. On peut ainsi avoir une idée précise de ce qu’étaient les basiliques civiles du Forum Romain, modèle dont s’inspirèrent l’empereur Constantin et le pape Miltiade, pour que la communauté chrétienne de Rome ait un bâtiment pour pouvoir s’y réunir en assemblée (ecclesia).
Deux événements extraordinaires
Grâce à l’enthousiasme de la communauté chrétienne internationale, la basilique antique resurgissait sur la tombe du soldat apôtre, trente ans après le grand incendie.
De nombreuses personnalités des cinq continents, ainsi qu’une foule innombrable, assistèrent à la solennelle cérémonie de « renaissance de l’antique basilique des Trois Empereurs ». Elle fut consacrée par le pape Pie IX le 10 décembre 1854.
En l’espace de deux jours l’Église de Rome avait célébré deux évènements extraordinaires, car le 8 décembre Pie IX avait aussi présidé la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception.
Saint-Paul hors les murs
Donations royales pour Paul
Aux donations envoyées du monde entier pour la reconstruction de la Basilique, détruite par l’incendie de 1823, s’ajoutèrent des cadeaux absolument extraordinaires.
Nicolas I tsar de Russie fit don de grandes quantités de malachite, lapis-lazuli et autres pierres précieuses, qui servirent à recouvrir les magnifiques autels, qui se trouvent aux deux extrémités du transept.
Muhammad Ali Pacha vice-roi d’Egypte, offrit au pape Grégoire XVI six grandes colonnes d’albâtre qui se trouvent des deux côtés de la Porte centrale, à l’intérieur de la basilique.
Fouad I roi d’Egypte fit don de plaques d’albâtre d’une rare finesse, qui furent utilisées pour fermer hermétiquement les grandes fenêtres, tout le long des murs de la basilique.
Autel du transept
Pie IX (1846-78) entouré d'un groupe de collaborateurs
Marcelo Yrurtia
Martine Ruais