Saint-Paul hors les murs
La basilique des Trois Empereurs
Les années passèrent et, comme la quantité de dévots de l’apôtre Paul augmentait continuellement, la capacité de la nouvelle basilique « constantinienne » se montra insuffisante. C’est pourquoi, à la fin du même siècle (en l’an 386) les empereurs romains Valentinien II et Théodose chargèrent le consul Pignanus –préfet de Rome- d’agrandir la basilique, mais de consulter auparavant « cum venerabili sacerdote », c’est-à-dire l’évêque, qui à l’époque était Sirice. Rappelons que ce fut précisément Sirice (384-99) le premier évêque de Rome à être officiellement appelé « Pape ».
L’œuvre monumentale fut réalisée sous la responsabilité d’un certain Ciriale, qui figure dans les documents impériaux comme « mechanicus ». Après des années de travaux, les fidèles découvrirent l’immensité de la nouvelle basilique de Paul. Elle resta la basilique la plus grande du monde jusqu’à la construction de l’actuelle basilique Saint-Pierre au Vatican.
On lui donna le surnom de « Basilique de l’Apôtre des Gentils » mais elle était plus connue sous le nom de « Basilique des Trois Empereurs », car elle fut construite sous le règne des empereurs romains d’Occident et d’Orient : Valentinien II, Théodose et Arcadius.
La plus grande des premières basiliques chrétiennes fut consacrée de nouveau par le pape Sirice en l’an 390.
Paul fut martyrisé dans un endroit éloigné, insalubre, et très dangereux pour les fidèles qui voulaient s'y rendre pour l'honorer.
C’est pour cette raison qu’on décida de transporter sa dépouille dans une zone plus proche du centre de Rome.
Tombe de l’Apôtre des Gentils, sous la Confession de la basilique Saint-Paul. Sur une dalle de marbre du 4e siècle, figure l’inscription
« Paulo / Apostolo Mart (yri) ».
Trois églises apparaissent
Après l’épidémie de malaria dans le lieu-dit des Trois Fontaines, les pèlerins retournèrent rendre hommage à Paul devant l’édicule érigé en sa mémoire, et vinrent aussi se recueillir devant un oratoire consacré à Marie, construit dans les premiers siècles sur la tombe de Zénon, tribun et martyr romain.
Dès le 5e siècle, on trouve une église sur les lieux : il s’agit de Saint-Paul aux Trois Fontaines, construite sur le lieu du martyre de l’apôtre. A l’intérieur est conservée la colonne où, selon la légende, Paul fut attaché pour son supplice.
Au 7e siècle (en l’an 625) le pape Honorius 1er fonda l’abbaye qu’il consacra aux saints Vincent de Huesca (martyr espagnol) et Anastase le Perse. Leurs restes se trouvent dans l’église abbatiale. Elle fut reconstruite au 13e siècle.
A la fin du 16e siècle, à la demande du cardinal Alessandro Farnese, l’architecte Giacomo della Porta construisit (1582-84) l’église Maria Scala Coeli, appelée ainsi à cause de la vision du fondateur de l’ordre des cisterciens, Bernard de Clairvaux, en 1183 : la vierge recevait les âmes des défunts qui montaient au ciel par un escalier. C'est dans cette église qu'il est rendu hommage au tribun romain Zénon, qui fut martyrisé ici en même temps que 10.203 autres chrétiens, lors des sanglantes persécutions de l’empereur Dioclétien et de son césar Galère, à la fin du 3e siècle. Ce furent les dernières victimes des persécutions chrétiennes de masse de l’empire « païen ». Quelques années plus tard, Constantin déclarait la Liberté de Culte avec l’Edit de Milan.
Valentinien II
Théodose
Arcadius
Sur l'image ci-dessus on ne voit que l'un des quatre vaisseaux latéraux.
Telle la basilique Ulpia ...
En entrant dans la basilique de Paul, on a l'impression d'entrer dans une antique basilique du Forum. Son plan architectural est le même que la basilique Ulpia du Forum de l’empereur Trajan. C’est la seule basilique paléochrétienne existante, qui présente presque les mêmes dimensions que les monumentales basiliques «païennes».
Marcelo Yrurtia
Martine Ruais