La Porte Sainte
La Cathédrale de Rome et du monde ouvre ses portes pour recevoir les fidèles et leur accorder l'indulgence jubilaire.
Sous le pontificat de Martin V, le siège papal retourna à Rome, mettant ainsi fin à une longue période de forte crise : l’« exil » en Avignon et le Grand Schisme d’Occident. C’est pour cette raison que Martin V, en proclamant et célébrant l’Année Sainte de 1425, décida d’ouvrir l’une des cinq portes de la Cathédrale Saint-Jean de Latran au début de l’année jubilaire.
Pourquoi la porte est-elle sainte ?
L'ouverture de cette porte a un triple sens.
a) La Cathédrale de Rome et du monde ouvre ses portes pour recevoir les fidèles et leur accorder l’indulgence jubilaire.
b) Elle symbolise le retour du pontificat à son siège naturel, l’Archibasilique du Latran.
c) Elle se réfère surtout aux paroles de Jésus, citées par Jean l’Evangéliste : « Je suis la porte, si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jean 10,9). C’est à cause de cette citation évangélique que cette porte fut appelée Sainte. Depuis lors elle est destinée à jouer ce rôle exclusivement pendant les années jubilaires.
Nouvelle Porte Sainte de Saint-Jean de Latran
Médaille de l'Année Sainte 1525, célébrée par Clément VII : première représentation numismatique
de la Porte Sainte, qui depuis lors fut reproduite sur toutes les médailles jubilaires.
Médaille de l'Année Sainte 1950, célébrée par Pie XII,
quatre siècles plus tard.
Pour le huitième Jubilé -Année Sainte qui inaugura le 16e siècle (1500)- à la demande du pape espagnol Rodrigo Borja, Alexandre VI, les trois autres basiliques majeures furent aussi dotées d’une Porte Sainte, et toutes les Portes s’ouvrirent en même temps le premier jour de l’Année Sainte. Pour rendre hommage aux pèlerins de Rome, le pape décida que la Porte Sainte de Saint-Pierre resterait ouverte jour et nuit pendant tout le Jubilé : fait sans précédent qui ne se répéta jamais. Enfin, pour l’occasion, il institua aussi une cérémonie le jour de l’ouverture, évènement qui d’ailleurs n’a pratiquement pas changé depuis cette époque.
La cérémonie d’ouverture
Pour la cérémonie de clôture de l’Année Sainte 1500, selon la volonté d’Alexandre VI, on recouvrit la porte à l’extérieur d’un mur de 935 briques, sur lequel fut placée une croix. La partie intérieure aussi (dans la basilique) fut murée.
L’Année Jubilaire suivante, le souverain pontife donna un coup symbolique pour la faire tomber, travail qu’effectuèrent aussitôt les ouvriers « sampietrini », noms donnés aux ouvriers de la « Fabrique de Saint-Pierre ». Ce procédé fut perpétué pendant presque cinq siècles, jusqu’en 1975.
A l’occasion du Jubilé 2000, le pape Jean-Paul II simplifia le rituel. Le mur de briques fut abattu avant (15 décembre 1999), laissant la porte sans protection. Au moment de la cérémonie (la nuit du 24 décembre) le souverain pontife l’ouvrit en la poussant, tout simplement. A la fin de l’Année Sainte, la porte fut murée à nouveau avec des briques.
Ce nouveau procédé permit au pape d’entrer dans la basilique la nuit du 24 décembre en ouvrant la porte normalement. Depuis sa création en l’an 1425, c’était la première fois qu’elle symbolisait l’entrée du christianisme dans un nouveau millénaire.
La plus célèbre
La Porte Sainte de Saint-Pierre (la dernière des cinq, à droite dans le portique) est ouverte personnellement par le pape, et fermée par lui à la fin de l’Année Jubilaire.
Bien que son style ne corresponde pas à l’« art moderne », elle fut réalisée dans les années 1940 par le sculpteur Vico Consorti, et commandée par les catholiques de Bâle et de Lugano, qui la donnèrent à la Basilique en 1949 pour l’Année Sainte de 1950. Ils firent cette donation au nom du peuple Suisse, par reconnaissance pour n’avoir pas subi les horreurs de la deuxième guerre mondiale.
Sur les panneaux de la Porte sont représentés des épisodes concernant la faute et le pardon, basés sur les paraboles des évangiles sur la Miséricorde.
Nouvelle Porte Sainte de Saint-Pierre au Vatican
Porte Sainte de Saint-Pierre au Vatican, vue de près.
Marcelo Yrurtia
Martine Ruais