Bernini ne fait pas le projet d’une «place devant une basilique», mais d’un espace qui correspond historiquement et symboliquement à l’événement auquel cette basilique doit son origine : le martyre de Pierre.
Dans la Galerie Borghese à Rome, sont conservées les principales sculptures de l’artiste, y compris ses plus grandes œuvres de jeunesse.
Pietro Bernini, sculpteur florentin et père de Gian Lorenzo, laissa des œuvres en Calabre, à Amalfi, Naples et Rome, où il est l’auteur de la célèbre fontaine de la «Barcaccia» qui orne la Place d’Espagne au pied de l’escalier de la Trinité des Monts.
Gian Lorenzo Bernini
(Naples 1598 - Rome 1680)
Place Saint-Pierre : les bras du Christ
Depuis que Bernini a projeté et réalisé sa célèbre place, celle-ci forme avec la basilique une entité aussi symbolique que réelle.
Les protagonistes de l’énorme espace sont : l’obélisque, en tant que principal élément historique, et les personnages de l’Église, gardiens de pierre de ce chef-d’œuvre de Bernini.
Le père de la Place
Gian Lorenzo Bernini s’initie à l'art de la sculpture dans l’atelier de son père Pietro, également sculpteur. Depuis tout jeune, il admire les classiques grecs et les grands maîtres de la renaissance italienne. Il a un peu plus de 21 ans, lorsque le cardinal Borghese le charge de réaliser quatre groupes sculptés, pour lesquels il montre un exceptionnel talent prématuré. Il est convoqué par le pape Urbain VIII, et à 25 ans à peine il se trouve déjà parmi les géants de l’art italien.
Dans la basilique Saint-Pierre, Bernini a laissé des œuvres très importantes : la statue équestre de Constantin, le baldaquin de l’autel papal, la chaire de l’autel majeur, les monuments funéraires d’Urbain VIII, de Paul III et d’Alexandre VII, la statue de Saint Longines, en plus des allégories et décorations du vaisseau central.
Avec Francesco Borromini, Bernini fut indiscutablement l’un des pères de l’architecture baroque. Sa maîtrise et son talent de sculpteur sont comparables à ceux de Michel-Ange, indépendamment des différences de style. Il mourut à Rome à l’âge de 82 ans, et fut enterré dans la basilique de Sainte-Marie Majeure.
Cette esquisse attribuée à Bernini (?) peut être interprétée comme le Christ ouvrant ses bras à ceux qui viennent vénérer le sépulcre de Pierre, son vicaire,
dont la tête porte la tiare papale (la coupole).
La place d’un génie
Une place est, par définition, un espace ouvert plus ou moins ample, autour duquel se trouvent des édifices publics et civils. Mais la place de Bernini, celle de Saint-Pierre, ne répond pas à ces critères. Et c’est logique qu’il en soit ainsi, car en réalité ce n’est pas une place mais un monument d’architecture, une gigantesque et géniale remémoration baroque des antiques quadriportiques paléochrétiens.
Pour accéder à la basilique de Pierre, il n’y a pas d’autre chemin. Il n’existe aucune porte d'entrée latérale, seulement la place. Ce « simple détail » suffit à nous faire comprendre que, même si la basilique n’a pas été conçue de cette façon, Bernini a fait en sorte que sa place et la basilique se fondent en une seule structure. C'est peut-être un signe de reconnaissance, un hommage de la part d’un grand artiste à ses prédécesseurs, ses pairs...
La place Saint-Pierre est en réalité une structure comprenant deux places adjacentes : l’une de forme trapézoïdale (juste devant la façade) et l’autre elliptique. Une énorme ellipse de 240m de large entourée de la monumentale Colonnade de Saint-Pierre, formée de 284 colonnes et 88 piliers, couronnée de 140 statues de 3,20m de haut qui représentent des personnages ecclésiastiques.
Bernini fit le projet d’une fontaine (à gauche de l’obélisque en regardant la basilique), identique à celle que Maderno avait réalisé un demi-siècle auparavant ; il plaça les deux fontaines en parfaite symétrie avec l’axe de l’obélisque.
Le grand maître de l'achitecture baroque réalisa la place entre les années 1656 et 1666, sous les pontificats d’Alexandre VII et de Clément IX.
Saint-Pierre au Vatican
Marcelo Yrurtia
Martine Ruais