Le Diacre Sévère
Dans le cubicule (chambre funéraire) du diacre Sévère se trouve une Pierre qui atteste l’autorisation du pape Marcelin, par les mots suivants : CVBICVLVM DVPLEX CVM ARCISOLIS ET LVMINARI IVSS PP (papa) SVI MARCELLINI… (Le diacre Sévère, autorisé par son pape Marcelin, construit un cubicule avec arcosolium et lucernaire, demeure paisible pour lui et sa famille).
C’est l’épigraphe -parmi celles découvertes jusqu’à présent- qui indique pour la première fois que l’évêque de Rome est appelé « pape » (PP).
Le pape Marcellin gouverna de l’an 296 à l’an 304.
Silence dans les catacombes
Après la proclamation de l’Edit de Milan, les restes des apôtres Pierre et Paul furent transférés de nouveau à leur sépultures d’origine, mais ceux de Saint-Sébastien restèrent ad Catacumbas, l'endroit où l’on construisit une basilique en son nom, Saint-Sébastien hors les murs.
Dans la ville, à l’intérieur du périmètre des murailles, on commença à construire des églises. C’est ainsi que, face aux pillages des armées des envahisseurs qui dévastèrent les campagnes autour de Rome, les papes jugèrent nécessaire de transporter les restes des martyrs, des catacombes jusqu’aux nouvelles églises de la grande Urbis (ville). C’est pour cette raison que les pèlerinages aux cœmeteria diminuèrent et que, inévitablement, ils tombèrent dans le silence et l’oubli.
Catacombes de Saint Calixte – Crypte de Lucina.
Peinture représentant le pape saint Cornelius
(à gauche) enseveli ici en l'an 253.
A côté de lui, saint Cyprien, évêque de Carthage.
Hypogée de via Latina - « Médecin » entouré de ses élèves.
L’un d’entre eux, avec une baguette, montre une figure humaine étendue sur le sol, avec un grand orifice à la place de l’estomac. Il pourrait s’agir d’un cadavre.
Sujet profane, très peu courant dans la peinture symbolique funéraire.
Des grands savants de l’Histoire de la Médecine identifient cette image comme étant une
« Leçon d’anatomie », et considèrent que c’est la première image du genre,
documentée historiquement.
Dans les « itinéraires » du 7e siècle, Guides de la Rome Chrétienne pour les Pèlerins, on citait encore ces cimetières historiques, mais à partir du 9e siècle, il ne resta plus que le Cimitero ad Catacumbas de Saint-Sébastien. Les autres -si l’on peut se permettre la métaphore- la terre les avaient avalés.
Voix du passé
Dans les premières décennies du 16e siècle, on retrouva, par hasard, l’un de ces nombreux cœmeteria : celui de Trasone, sur la via Salaria de Rome.
En 1539, Antonio Bosio, un jeune homme d’à peine 18 ans employé par l’Ordre de Malte, commença une exploration systématique de la campagne romaine. Son ami peintre, Angelo Santini, l’accompagnait toujours dans ses longues promenades dans le passé, et, bien avant la découverte de la photographie, il dessinait avec grande attention tout ce qui apparaissait dans les entrailles du temps. Il recueillit ainsi une grande quantité de documents, qui illustrèrent l’œuvre posthume de Bosio, publiée sous le titre de « Roma sotterranea, nella quale si tratta de’ sacri cimiterii di Roma » (Rome souterraine, dans laquelle sont traités les cimetières sacrés de Rome), mais nous ne connaissons pas de traduction française.
A l’époque, ces découvertes furent d’une grande importance, contre les attaques incessantes de la Réforme protestante, qui niait toute base historique au catholicisme. Cette « guerre froide » contre l’Église Catholique, empêcha d’estimer à sa juste valeur l’importance de l’œuvre de ce jeune homme féru d’archéologie. Lui aussi avait découvert un ancien « nouveau monde », même s’il était souterrain. On l’appela le Christophe Colon de la Rome Souterraine.
Dans les Catacombes de Domitille, l’une des plus grandes et plus anciennes de Rome, est conservée une basilique souterraine de trois nefs, construite entre les années 390 et 395 sur les tombeaux des Saints Nérée et Achillée.
Catacombes
Après la mort d’Antonio Bosio en 1629, d’autres archéologues continuèrent son œuvre, mais avec moins de succès. Jusqu’à ce que, trois siècles plus tard, Jean-Baptiste De Rossi, l’un des précurseurs de l’archéologie moderne, consacrât 50 des 72 années de sa vie à l’étude des catacombes, avec des résultats réellement surprenants.
Les catacombes de Saint-Sébastien furent les plus célèbres, car c’est là qu’avaient été ensevelis les apôtres Pierre et Paul, et près d’eux un grand martyr, Saint-Sébastien.
En revanche « les plus augustes de Rome » comme l’a déclaré le pape Jean XXIII furent celles de Saint-Calixte. On leur donna le nom d’un diacre, Calixte, qui au début du 3e siècle, fut nommé par le pape Zéphirin « administrateur de ce cimetière ».
Après la mort de Zéphirin, Calixte fut élu pape en 217, et agrandit notablement ces catacombes, dont on a découvert, jusqu’à présent, 20 km de galeries souterraines, superposée sur quatre niveaux.
Pour les besoins de l’étude, il a fallu la diviser en régions : celles de Lucina (la plus ancienne), de Saint-Calixte (avec la crypte des papes), de Sainte-Cécile, de Saint-Eusèbe, la Galerie des Sacrements et la région Libérienne.
Giovanni Battista De Rossi (1822-94)
Le cimetière de Saint-Sébastien a toujours figuré dans les «guides-itinéraires» les plus anciens, et c’est ainsi que ce mot si étrange et mystérieux, catacombe, se convertit en synonyme de cimetière chrétien souterrain, se référant spécifiquement à ceux de la première période.
Dans le vestibule de la basilique se trouvent des sarcophages païens et chrétiens,
dont certains sont richement décorés.
Le mot Catacombe ne signifie ni cimetière ni souterrain
A Rome, on a découvert (jusqu’à présent) près de 60 catacombes, soit un total de plus de 700 kilomètres de galeries souterraines. Parmi les milliers de tombeaux de fidèles anonymes –jusqu’à aujourd’hui on en a découvert plus de 750.000- se trouvent aussi ceux des grands personnages historiques du christianisme, qui, bien avant la période constantienne, indiquèrent les chemins qui déterminèrent l‘évolution et le développement de la pensée occidentale.
A part celles de Rome, il existe d'importantes catacombes à Naples et à Syracuse, ainsi que dans les provinces de Toscane, Ombrie, Abruze, Campanie, Sicile et Sardaigne. En -dehors de l'Italie, les chrétiens ont laissé des catacombes dans d’autres région de l'empire ; à Malte, en Afrique du Nord et en Asie Mineure. On appelle par erreur catacombes des cimetières souterrains qui ne correspondent ni à la période paléochrétienne, ni aux racines du christianisme. C'est pourquoi le mot Catacombe ne signifie ni cimetière ni souterrain.
Selon l’article 33 du Concordat entre le Vatican et l’Etat Italien (1929), les catacombes d’Italie, et en particulier de Rome, sont sous la tutelle de l'Etat de la Cité du Vatican, qui en assure la conservation et les frais d’entretien.
C’est la Commission Pontificale d’Archéologie Sacrée qui est chargée de l’exploration et de l’investigation scientifique des catacombes.
Marcelo Yrurtia
Martine Ruais